9.7.07

Génération Entourage

RdV#9 •• Télévison •• Par Emmanuelle P.

Prison Break et bientôt Heroes se disputent des places de choix sur nos écrans. Au même moment, une foule de séries font leur chemin de manière plus confidentielle, mais tout aussi efficace. Au cœur du phénomène, Entourage brille sous le soleil de LA. Éclairage.
En matière de séries, les années 90 ont fait dans l’urgence médicale avant de plonger dans l’univers gore et sophistiqué du crime moderne, puis dans celui de la « série réalité », celle qui envoie Monsieur Tout-le-monde se débrouiller au milieu de nulle part, de préférence sur une île maudite. Aujourd’hui, Heroes, grosse production qui a bénéficié d’un vaste buzz, jette un pavé dans la mare et éclabousse les Desperate Housewives avec des héros super perdus face à leurs pouvoirs tombés du ciel. À tel point que l’on se demande déjà si les ficelles du scénario ne vont pas finir par s’emmêler… Derrière cette actualité torride, la série américaine Entourage s’est discrètement affirmée en trois saisons, moyennant une diffusion sur TPS Star en France depuis le printemps 2006.

Jeu de dupes
Entourage s’inspire directement de la vie de son producteur, l’acteur Mark Wahlberg. Souvenez-vous, Marky Mark des New Kids On The Block, c’était lui, le personnage de Dirk Diggler dans Boogie Nights aussi. Propulsé très jeune sur le devant de la scène, il prête son vécu à Vincent « Vinnie » Chase (Adrian Grenier), jeune comédien sous les feux de la rampe, entouré de son frère Johnny « Drama » (acteur looser sur le retour, interprété par Kevin Dillon, frère de Matt), Turtle (toujours dans les bons plans) et Eric (apprenti manager). Inséparables depuis leur enfance dans le Queens, ils partagent la même maison, vont de soirées en beach parties, crapahutent de jolies filles en bimbos… Tous épaulent Vinnie dans sa carrière, gérée par un agent archétypal et hilarant de cynisme, Ari Gold, lui aussi inspiré d’un agent hollywoodien bien réel. Entourage ne repose sur aucun suspense particulier. À première vue, cette série paraît aussi vide et superficielle que son sujet. Mais, elle rend doucement accro… D’abord, grâce à l’entourage de Vinnie, les deux « débiles » qui marchent sur ses talons, et Eric « E », qui s’avèrent attachants dans leur quête d’une place au soleil malgré l’ombre que leur fait la star montante. Ombre qui a son avantage, vu qu’il est plus facile d’obtenir le numéro de portable d’une belle du showbiz quand on est le manager de Vincent Chase. Moins ado que Heroes et surtout, beaucoup plus gonzo qu’elle n’en a l’air, Entourage devient de plus en plus sympathique au fil des saisons, soufflant sur l’univers du show-business made in LA un vent critique rafraîchissant qui n’est pas sans rappeler étrangement… Boogie Nights. Trash, fun, sincère, dépourvue de cynisme mal placé, très générationnelle et pas prétentieuse, cette série cumule habilement des points forts. Avec notamment une BO dans l’air du temps, entre Muse, Mos Def et les Kings Of Leon.

Party cannoise
Mais le vrai plus d’Entourage repose sur l’apparition de guest-stars… parfois dans leur propre rôle. Subterfuge désormais courant pour repêcher une série qui bat de l’aile, le featuring de vedettes prend ici toute sa dimension, piquante et décalée : Val Kilmer en gourou cultivateur d’herbe bio, Gary Busey en sculpteur éclairé, Scarlett Johansson, James Cameron… La liste, impressionnante, contribue évidemment à l’effet jouissif de la série. Véritable mise en abyme du show-business et de ses combines, Entourage s’est même incrustée à Cannes pour les 60 ans du festival. Mark Wahlberg jouant dans le film de James Gray en compétition, un épisode entier a ainsi bénéficié d’un tournage sur la Croisette, permettant à la joyeuse bande de pique-assiettes de figurer en bonne place dans les soirées les plus courues du festival. Et à Vincent Chase de propager le buzz chez nous, dans la réalité comme dans la fiction.

L’étoffe d’un classique
La chaîne américaine HBO, productrice de la série, est abonnée aux succès lourds à contre-courant des codes habituels. Entourage semble destinée à bien fonctionner sur le long terme, une qualité qui, a priori, élève une série au rang de mythe et lui permettrait de rejoindre les sommets de Dream On, Six Feet Under ou Sex and the City, les précédentes productions HBO devenues des classiques. Mais, un train peut théoriquement en cacher un autre, car la chaîne remporte aussi un réel succès critique avec The Wire, une série à se procurer qui pourrait faire la différence. Ailleurs, importées de la chaîne Showtime, des séries pas correctes se sont trouvé une niche sur Canal Plus : après la très controversée Weeds, voici que Dexter le serial killer arrive parmi nous. Sauve qui peut, le gore est encore à nos trousses.

Entourage, DVD saisons 1, 2 & 3 disponibles en import. En rayon.

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